Pour ce noir qui fascine...

Le trou. Noir, profond. Casque et loupiote sur la tête, cordes sur l'épaule, des ombres s'engouffrent dans un autre monde. Destination spéléo. Passion pour les uns et source d'angoisse pour les autres.

Tout sauf l'indifférence.

Nos ancêtres éloignés qui se servaient des cavernes comme habitat, n'occupaient que leur entrée. Pour bénéficier de la lumière du jour. Ce n'est qu'à partir du XIVème siècle que l'homme s'est mis à les explorer plus en profondeur. Mais la spéléologie moderne n'a vraiment commencé d'exister qu'au XIXème siècle. Un de ces précurseurs, qui faute d'être le premier explorateur de notre sous-sol, s'est révélé un des plus actifs, fut Edouard-Alfred Martel. Il a laissé plusieurs ouvrages, quasi introuvables aujourd'hui, illustrés de multiples gravures et qui donnent la mesure de ce que pouvait être ce sport étrange à ses débuts. A la frontière du sport et de la science, la spéléologie se voulait alors essentiellement une exploration.

Bien plus tard, au début de notre siècle, un autre spéléologue célèbre s'est illustré. Norbert Casteret, en plus d'explorer un grand nombre de grottes superbes, a publié plusieurs dizaines de livres passionnants qui relatent ses expéditions. Considéré après Martel, comme leur deuxième père spirituel par les spéléologues ses ouvrages restent des modèles du genre. Parce que ce spéléologue d'avant-garde, n'a pas qu'exploré plus d'un millier de grottes pour son plaisir. Il en a rapporté de nombreuses observations, depuis les peintures rupestres et les restes d'espèces animales disparues, jusqu'aux insectes cavernicoles et aux chauves-souris qui les peuplent souvent. Avec lui, des énigmes hydrogéologiques ont pu être résolues, par exemple par une coloration de l'eau qui permet de suivre le tracé des rivières souterraines.

C'est grâce à ces précurseurs que le mode de formation des grottes a commencé d'être expliqué. C'est un processus millénaire, qui commence le plus souvent en terrain calcaire. En traversant les terres, l'eau de ruissellement se charge en acide carbonique; elle s'infiltre alors dans les fissures de la roche qui vont s'agrandir très lentement par corrosion chimique. Les fissures deviennent de petits ruisseaux souterrains qui transportent quantité de minuscules fragments de pierre. Une érosion s'exerce alors, et ces ruisselets vont former de véritables rivières souterraines. Quand l'eau trouve d'autres fissures dans le lit de la rivière, elle s'infiltre et le cycle recommence un étage plus bas, jusqu'à ce que le nouveau niveau atteint absorbe toute la rivière. C'est ainsi que beaucoup de grottes sont faites de deux, trois, quatre ou davantage de niveaux superposés, au fur et à mesure que la rivière s'est enfoncée en délaissant à chaque fois son ancienne galerie. C'est le cas par exemple de la grotte de Dinant en Belgique, qui présente quatre niveaux superposés. Quand la rivière a quitté son ancien cours, commence alors la formation de ce que les spéléologues appellent "concrétions". Stalactites, stalagmites, draperies et autres, sont ces formations calcaires qui font la splendeur des grottes. En traversant les couches de roche par de petites fissures, l'eau se charge en carbonate de chaux ou calcite qui est formée de minuscules particules de calcaires en suspension. Quand elle arrive au plafond d'une galerie, elle abandonne une partie de cette calcite et tombe sur le sol où elle dépose le reste de son contenu.

C'est ce mécanisme qui au cours des siècles et des millénaires, a construit ces décors grandioses qu'on admire dans les grottes. Parfois, ces concrétions se colorent de différentes couleurs à cause de l'oxyde de fer, de cuivre ou de manganèse dont l'eau s'est chargée.

Ces concrétions, de formes toujours différentes, de la plus petite à la plus grande sont en remaniement permanent, ce qui fait dire d'une grotte que sa rivière n'a pas encore abandonnée, qu'elle est vivante. Paradoxalement, le silence d'une grotte est bruyant: on y entend parfois la rivière tout en bas, et toujours le goutte-à-goutte des stalactites. Aujourd'hui comme hier, le spéléologue qui découvre un nouveau réseau ou une nouvelle galerie, se sent animé de ce sentiment fort, d'être le premier humain à pénétrer dans ce qui se présente parfois comme une véritable cathédrale souterraine.

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